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Sauvegarde du Patrimoine du village de Flamarens dans le Gers

Lettre de M. Payen Architecte des Bâtiments de France

Une tentative de sauvetage qui a échoué

Lettre de M. Payen Architecte des Bâtiments de France à propos de sa visite au Conseil Municipal de Flamarens le 9 juin 1971

 

            Cher Docteur et Cher ami

 

Je viens de comparaître, avec le sous-Préfet de Condom, devant le Conseil Municipal de Flamarens: je ne sais pas si vous vous rendez compte   !

Nous avons été accueillis à peu près avec "des fourches" sous la forme d'une délibération municipale solennelle accompagnée d'une pétition agrémentée d'interminables signatures, protestant contre l'inscription à l'inventaire des sites de la presque totalité du territoire de la commune.

Le dialogue a été au départ tel, que, le sous-Préfet a fini par déclarer que, s'ils continuaient à dire non systématiquement à tout ce qu'il proposait, il n'avait plus qu'à s'en aller avec moi. Cela les a un petit peu calmés.

 Et puis je suis rentré dans le vif de la question en leur disant que si j'avais provoqué cette inscription à l'inventaire des Sites, c'était pour pouvoir obtenir des subventions plus importantes pour la réparation de l'Eglise, considérée comme un élément du site, qu'au titre des  monuments historiques: en effet, au titre de l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques, cette Eglise n'aurait jamais permis que d'obtenir que 10% de subvention, tandis que celle des Sites peut être de 40%. Et j'ai expliqué, que dans mon village, où je ne suis pas reçu avec des "fourches", j'avais réussi pour la protection du site; à obtenir des subventions cumulatives, mais que je n'en étais pas encore là pour Flamarens.

 Or vous savez que la charpente de la toiture s'est effondrée au beau milieu, et tous les Conseillers sont partis sur leur grands chevaux en disant qu'il y en avait pour des millions et des millions de dépenses, que l'on ne pouvait pas envisager. Alors nous avons, M. le sous-préfet et moi, posé la question de confiance: voulez-vous essayer de la sauver, oui ou non et êtes-vous prêts à en prendre l'initiative  ?

Autrement dit et sauf votre respect, nous les avons obligés à se "déculotter" et nous sommes arrivés à la solution suivante:

 Ils vont appeler, eux-mêmes, Pontac, qui est capable parait-il de faire de la maçonnerie aussi bien que de la charpente.

Je lui donnerai des explications pour dresser un devis de 3 millions d'anciens francs au maximums susceptible de faire l'objet d'un marché de gré à gré sans appel à la concurrence. Ce qui correspondrait à un premier effort tout de même possible de la Commune, avec subvention à l'appui. Je ne prendrais pas la responsabilité des travaux et pas d'honoraires, j'élargirais légèrement ma mission de contrôle et c'est tout.

Je crois que nous avons gagné un point essentiel, qui a été d'éviter le refus de s'occuper de l'église et de la laisser tomber, ce qui pouvait bien être le secret  désir de certains!   

Bien entendu nous avons eu droit au chapitre sur le château et ils sont allés jusqu'à prétendre que tout l'argent que nous avions mis au château aurait été mieux employé à l'église...

Inutile de vous dire que j'ai profité de l'occasion pour stigmatiser le bulldozer du Maire sur les restes médiévaux, d'autant plus qu'il venait de me proposer de m'intéresser moins à Flamarens qu'aux environs de Terraube ou le remembrement a paraît-il réalisé un désert...

 Je dois y revenir la semaine prochaine pour essayer de sauver cette malheureuse église, et ne manquerais pas de vous tenir informé de la suite des opérations, qui vous touchent de si près.

                                                                                                                                  J.Payen.

 

Ajouté à la main en bas de page:

Vu Pontac sur place avec le Maire, il enchaîne.

   

Malgré tous les efforts de M. Payen cette tentative de sauvetage a malheureusement échoué car le Conseil Municipal de l'époque n'a pas donné suite: preuve supplémentaire s'il en était, que le secret de certains et du Maire en particulier était bien de la laisser tomber!

A titre de comparaison 3 millions d'anciens francs en 1971 représentaient la valeur de 2 voitures Peugeot 504 neuves, soit 4500€ de nos jours.

 

 

 

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : dimanche, 04 mars 2018

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